Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/276

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que mademoiselle Andrée n’est pas bien avec le roi, et que je vais te faire enlever tout à l’heure si tu ne m’écoutes pas comme je veux que tu m’écoutes ; entends-tu, petite vipère ?

— Oh ! oh ! monseigneur, je n’ai la tête ni plate ni cornue ; j’écoute, mais je fais mes réserves.

— Bien. Tu vas donc aller de ce pas ruminer ton plan de fuite avec M. de Beausire.

— Mais comment voulez-vous que je m’expose à fuir, monsieur le maréchal, puisque vous me dites vous-même que Mademoiselle peut se réveiller, me demander, m’appeler, que sais-je ? toutes choses auxquelles je n’avais pas songé d’abord, mais que vous avez prévues, vous, monseigneur, qui êtes un homme d’expérience.

Richelieu se mordit une seconde fois les lèvres, mais plus fort cette fois que la première.

— Eh bien, si j’ai pensé à cela, drôlesse, j’ai aussi pensé à prévenir l’événement.

— Et comment empêcherez-vous que mademoiselle m’appelle ?

— En l’empêchant de s’éveiller.

— Bah ! elle s’éveille dix fois par nuit ; impossible.

— Elle a donc la même maladie que moi ? dit Richelieu avec calme.

— Que vous ? répéta Nicole en riant.

— Sans doute, puisque je me réveille dix fois aussi, moi. Seulement, je remédie à ces insomnies. Elle fera comme moi ; et si elle ne le fait pas, tu le feras pour elle, toi.

— Voyons, dit Nicole, comment cela, je vous prie, monseigneur ?

— Que prend ta maîtresse, chaque soir avant de se coucher ?

— Ce qu’elle prend ?

— Oui, c’est la mode aujourd’hui de prévenir ainsi la soif : les uns prennent de l’orangeade ou de l’eau de limon, les autres de l’eau de mélisse, les autres…

— Mademoiselle ne boit, le soir, avant de se coucher, qu’un