Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/275

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— Eh bien ! tu vas aller trouver M. de Beausire et tu lui diras : « Nous sommes découverts ; mais j’ai un protecteur qui nous sauve, vous de Saint-Lazare, moi de La Salpêtrière. Partons. »

Nicole regarda Richelieu.

— Partons, répéta-t-elle.

Richelieu comprit le regard si fin et si expressif.

— Parbleu ! dit-il, c’est entendu, je pourvoirai aux frais du voyage.

Nicole ne demanda pas d’autre éclaircissement ; il fallait bien qu’elle sût tout puisqu’on la payait.

Le maréchal sentit ce pas fait par Nicole, et se hâta de son côté de dire tout ce qu’il avait à dire, comme on se hâte de payer quand on a perdu, pour n’avoir plus le désagrément de payer.

— Sais-tu à quoi tu penses, Nicole ? dit-il.

— Ma foi, non, répondit la jeune fille ; mais vous, qui savez tant de choses, monsieur le maréchal, je parie que vous l’avez deviné ?

— Nicole, dit-il, tu songes que si tu fuis, ta maîtresse pourra, ayant besoin de toi, par hasard, t’appeler dans la nuit, et, ne te trouvant pas, donner l’alarme, ce qui t’exposerait à être rattrapée.

— Non, dit Nicole, je ne pensais point à cela, parce que, toute réflexion faite, voyez-vous, monsieur le maréchal, j’aime mieux rester ici.

— Mais si l’on prend M. de Beausire ?

— Eh bien, on le prendra.

— Mais s’il avoue ?

— Il avouera.

— Ah ! fit Richelieu avec un commencement d’inquiétude, tu seras perdue, alors.

— Non, car mademoiselle Andrée est bonne, et comme elle m’aime au fond, elle parlera de moi au roi ; et si l’on fait quelque chose à M. de Beausire, on ne me fera rien, à moi.

Le maréchal se mordit les lèvres.

— Et moi, Nicole, reprit-il, je te dis que tu es une sotte ;