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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/278

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— Combien te faut-il, voyons, Nicole ?

— Pour quoi faire ?

— Pour verser ces deux gouttes d’eau.

— Pour verser ces deux gouttes d’eau, monseigneur, puisque vous m’assurez que je les verse dans mon intérêt, il ne serait pas juste que vous me payassiez mon intérêt. Mais, pour laisser la porte de Mademoiselle ouverte, monseigneur, oh ! je vous en préviens, il me faut une somme ronde.

— Achève, dis ton chiffre.

— Il me faut vingt mille francs, monseigneur.

Richelieu tressaillit.

— Nicole, tu iras loin, soupira-t-il.

— Il le faudra bien, monseigneur, car je commence à croire, comme vous, que l’on courra après moi. Mais avec vos vingt mille francs, je ferai du chemin.

— Va prévenir M. de Beausire, Nicole ; ensuite je te compterai ton argent.

— Monseigenr, M. de Beausire est fort incrédule, et il ne voudra pas croire à ce que je lui dirai, si je ne lui donne pas de preuves.

Richelieu tira de sa poche une poignée de billets de caisse.

— Voici un à-compte, dit-il, et dans cette bourse il y a cent doubles louis.

— Monseigneur fera son compte et me remettra ce qu’il me redoit quand j’aurai parlé à M. de Beausire, alors ?

— Non, pardieu ! je veux le faire tout de suite. Tu es une fille économe, Nicole, cela te portera bonheur.

Et Richelieu parfit la somme promise, tant en billets de caisse qu’en louis et en demi-louis.

— Là, dit-il, est-ce bien cela ?

— Je le crois, dit Nicole. Maintenant, monseigneur ; il me manque la chose principale.

— La liqueur ?

— Oui, monseigneur a sans doute un flacon ?

— J’ai le mien que je porte toujours sur moi.

Nicole sourit.