Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/279

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— Et puis, dit-elle, On ferme Trianon chaque soir et je n’ai pas de clé.

— Mais, moi, j’en ai une, en ma qualité de premier gentilhomme.

— Ah ! vraiment ?

— La voici.

— Comme tout cela est heureux, dit Nicole ; on dirait une enfilade de miracles. Maintenant, adieu, monsieur le duc.

— Comment, adieu ?

— Certainement, je ne reverrai pas monseigneur, puisque je partirai pendant le premier sommeil de mademoiselle.

— C’est juste. Adieu, Nicole.

Et Nicole, en riant sous cape, disparut dans l’obscurité qui commençait à s’épaissir.

— Je réussis encore, dit Richelieu ; mais, en vérité, on dirait que la fortune commence à me trouver trop vieux et me sert à contrecœur. J’ai été battu par cette petite ; mais qu’importe, si je rends les coups !


CXIX

LA FUITE.


Nicole était une fille consciencieuse : elle avait reçu l’argent de M. de Richelieu, elle l’avait reçu d’avance, il fallait répondre à cette confiance en le gagnant.

Elle avait donc couru droit à la grille, où elle était arrivée à sept heures quarante minutes au lieu de sept heures et demie.

Or, M. de Beausire, façonné à la discipline militaire, était un homme exact : il attendait depuis dix minutes.

Depuis dix minutes aussi à peu près, M. de Taverney avait quitté sa fille, et M. de Taverney une fois parti, Andrée était