Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/287

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minutes à peu près, il commença à craindre qu’elle ne revînt pas.

Tout à coup, il l’aperçut courant comme si elle eût été poursuivie.

Elle s’approcha de la grille, passa à travers les barreaux la clef à Beausire ; Beausire ouvrit la porte ; Nicole s’élança de l’autre côté ; la grille se referma avec un lourd grincement.

Puis la clef fut jetée dans les herbes du fossé, juste au-dessous de l’endroit où était Gilbert ; le jeune homme l’entendit tomber avec un bruit mat, et remarqua la place on elle était tombée.

Nicole et Beausire gagnaient du terrain pendant ce temps-là ; Gilbert les écoutait s’éloigner, et bientôt il perçut, non pas le bruit d’un carrosse, comme l’avait demandé Nicole, mais le piétinement d’un cheval qui, après quelques moments sans doute donnés aux récriminations de Nicole qui eût voulu sortir en carrosse comme une duchesse, battit la terre de ses quatre pieds ferrés, qui bientôt retentirent sur le pavé de la route.

Gilbert respira.

Gilbert était libre. Gilbert était débarrassé de Nicole, c’est-à-dire de son ennemie. Andrée restait seule ; peut-être en s’en allant, Nicole avait-elle laissé la clef à la porte ; peut-être lui, Gilbert, pourrait-il pénétrer jusqu’à Andrée.

Cette idée fit bondir le bouillant jeune homme avec toutes les fureurs de la crainte et de l’incertitude, de la curiosité et du désir.

Et, suivant en sens inverse le chemin que venait de faire Nicole, il prit sa course vers le pavillon des communs.