Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/293

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— Que regarde-t-elle ? demanda Balsamo.

— Elle a aperçu du sang sur l’œil du lion.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! murmura Balsamo.

— Oui, du sang, et cependant elle ne s’est pas frappée. Oh ! c’est étrange, ce sang n’est pas le sien, c’est le vôtre.

— Ce sang est le mien ! s’écria Balsamo ivre d’égarement.

— Oui, le vôtre, le vôtre ! Vous vous êtes coupé les doigts avec un couteau, avec un poignard, et vous avez appuyé votre doigt ensanglanté sur l’œil du lion. Je vous vois.

— C’est vrai, c’est vrai… Mais comment s’enfuit-elle ?

— Attendez, attendez, je la vois examiner ce sang, réfléchir, puis appuyer son doigt où vous avez appuyé le vôtre. Ah ! l’œil du lion cède, un ressort agit. La plaque de la cheminée s’ouvre.

— Imprudent ! s’écria Balsamo ; malheureux imprudent ! malheureux fou que je suis ! Je me suis trahi moi-même.

— Et elle sort, continua Balsamo, elle fuit ?

— Oh ! il faut lui pardonner, à la pauvre femme, elle était bien malheureuse !

— Où est-elle ? Où va-t-elle ? Suivez-là, Andrée, je le veux !

— Attendez, elle s’arrête un instant dans la chambre aux armes et aux fourrures ; une armoire est ouverte ; une cassette ordinairement enfermée dans cette armoire est posée sur une table. Elle reconnaît la cassette et la prend.

— Que contient cette cassette ?

— Vos papiers, je crois.

— Comment est-elle ?

— Recouverte de velours bleu avec des clous d’argent, des fermoirs d’argent, une serrure d’argent.

— Oh ! dit Balsamo frappant du pied avec colère, c’est donc elle qui a pris cette cassette ?

— Oui, oui, c’est elle. Elle prend l’escalier qui donne dans l’antichambre, elle ouvre la porte, elle tire la chaîne qui fait ouvrir la porte de la rue, elle sort.

— Est-il bien tard ?

— Il doit être tard, car il fait nuit.