Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/294

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— Tant mieux, elle sera partie peu de temps avant mon retour, et j’aurai le temps de la rejoindre peut-être ; suivez-la, suivez-la, Andrée.

— Une fois hors de la maison, elle court comme une folle, comme une folle elle gagne le boulevard… Elle court… elle court sans s’arrêter…

— De quel côté ?

— Du côté de la Bastille.

— Vous la voyez toujours ?

— Oui, elle est comme une insensée ; elle se heurte aux passants. Elle s’arrête enfin, elle cherche à savoir où elle est… Elle interroge.

— Que dit-elle ? Écoutez, Andrée, écoutez, et, au nom du Ciel, ne perdez pas une de ses paroles. Vous avez dit qu’elle interrogeait ?

— Oui, un homme vêtu de noir.

— Que lui demande-t-elle ?

— Elle lui demande l’adresse du lieutenant de police.

— Oh ! ce n’était donc pas une vaine menace. La lui donne-t-on ?

— Oui.

— Que fait-elle ?

— Elle revient sur ses pas, elle prend une rue qui va en biais ; elle passe sur une grande place.

— La place Royale, c’est le chemin. Lisez-vous dans son intention ?

— Courez vite, courez vite ! elle va vous dénoncer. Si elle arrive avant vous, si elle voit M. de Sartines, vous êtes perdu !

Balsamo poussa un cri terrible, s’élança dans le taillis, franchit une petite porte qu’ouvrit et referma une espèce d’ombre, d’un bond sauta sur son cheval Djérid qui battait la terre à la porte.

L’animal, aiguillonné à la fois par la voix et par l’éperon, partit comme une flèche dans la direction de Paris, et l’on n’entendit plus que le froissement des pavés sur lesquels il volait.