Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/295

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Quant à Andrée, elle était demeurée froide, muette, pâle et debout. Mais, comme si Balsamo eut emporté sa vie avec lui, elle s’affaissa bientôt sur elle-même et tomba.

Balsamo, dans son empressement à poursuivre Lorenza, avait en effet oublié de réveiller Andrée.


CXXI

CATALEPSIE.


Andrée ne s’affaissa point, ainsi que nous avons dit, tout d’un coup, mais avec des gradations que nous allons essayer de décrire.

Seule, abandonnée, saisie de ce froid intérieur qui succède à toutes les furieuses secousses du système nerveux, Andrée commença bientôt à chanceler et à tressaillir comme au début d’une attaque d’épilepsie.

Gilbert était toujours là, raide, immobile, penché en avant et la couvant du regard. Mais pour Gilbert, on le comprend bien, pour Gilbert, ignorant les phénomènes magnétiques, il n’y avait ni sommeil, ni violence subie. Il n’avait rien ou presque rien entendu de son dialogue avec Balsamo. Pour la seconde fois seulement, à Trianon comme à Taverney, Andrée paraissait avoir obéi à l’appel de cet homme, qui avait pris sur elle une si terrible et si étrange influence ; pour Gilbert, enfin, tout se résumait dans ces mots : « Mademoiselle Andrée a, sinon un amant, du moins un homme qu’elle aime et avec lequel elle a des rendez-vous la nuit. »

Le dialogue qui avait eu lieu entre Andrée et Balsamo, quoique prononcé à voix basse, avait eu tous les semblants d’une querelle. Balsamo, fuyant, insensé, éperdu, semblait un amant au désespoir ; Andrée, demeurée seule, immobile, muette, semblait une amante abandonnée.

Ce fut en ce moment qu’il vit la jeune fille vaciller, se