— Dites.
— Mais enfin, me protégerez-vous ?
— Quelle espèce de protection me demandez-vous ? fit le magistrat avec un froid sourire : argent ou affection ?
— Je demande, monsieur, à entrer dans un couvent ; à y vivre ignorée, ensevelie. Je demande que ce couvent devienne une tombe ; mais que ma tombe ne soit jamais violée par qui que ce soit au monde.
— Ah ! dit le magistrat, ce n’est pas d’une exigence bien grande. Vous aurez le couvent ; parlez.
— Ainsi, j’ai votre parole, monsieur ?
— Je crois vous l’avoir donnée, ce me semble.
— Alors, dit Lorenza, prenez ce coffret ; il renferme des mystères qui vous feront trembler pour la sûreté du roi et du royaume.
— Ces mystères, vous les connaissez donc ?
— Superficiellement ; mais je sais qu’ils existent.
— Et qu’ils sont importants ?
— Qu’ils sont terribles.
— Des mystères politiques, dites-vous ?
— N’avez-vous jamais entendu dire qu’il existait une société secrète ?
— Ah ! celle des maçons ?
— Celle des invisibles.
— Oui ; mais je n’y crois pas.
— Quand vous aurez ouvert ce coffret, vous y croirez.
— Ah ! s’écria M. de Sartine vivement, voyons.
Et il prit le coffret des mains de Lorenza.
Mais tout à coup ayant réfléchi, il le posa sur le bureau.
— Non, dit-il avec défiance, ouvrez le coffret vous-même.
— Mais, moi, je n’en ai point la clef.
— Comment n’en avez-vous point la clef ? Vous m’apportez un coffret qui renferme le repos d’un royaume et vous en oubliez la clef !
— Est-il donc si difficile d’ouvrir une serrure ?
— Non, quand on la connaît.
Puis, après un instant :