Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Plaît-il ?

— Je dis que cela ne me regarde point ; adressez-vous à un procureur et plaidez ; je n’aime pas à me mêler des affaires de ménage.

Sur quoi, M. de Sartine fit de la main un geste qui signifiait : « Allez-vous-en. »

Lorenza ne bougea point.

— Eh bien ? demanda M. de Sartine étonné.

— Je n’ai pas fini, dit-elle, et si je viens ici, vous devez comprendre que ce n’est point pour me plaindre d’une frivolité ; c’est pour me venger. Je vous ai dit mon pays ; les femmes de mon pays se vengent et ne se plaignent point.

— C’est différent, dit M. de Sartine ; mais dépêchez-vous, belle dame, mon temps est cher.

— Je vous ai dit que je venais à vous pour vous demander protection ; l’aurai-je ?

— Protection contre qui ?

— Contre l’homme de qui je veux me venger.

— Il est donc puissant ?

— Plus puissant qu’un roi.

— Voyons, expliquons-nous, ma chère dame… Pourquoi vous accorderai-je ma protection contre un homme, de votre avis, plus puissant que le roi, pour une action qui est peut-être un crime ? Si vous avez à vous venger de cet homme, vengez-vous-en. Cela m’importe peu à moi ; seulement, si vous commettez un crime, je vous ferai arrêter, après quoi, nous verrons ; voilà la marche.

— Non, monsieur, dit Lorenza, non, vous ne me ferez point arrêter, car ma vengeance est d’une grande utilité pour vous, pour le roi, pour la France. Je me venge en révélant les secrets de cet homme.

— Ah ! ah ! cet homme a des secrets ? dit M. de Sartine intéressé malgré lui.

— De grands secrets, monsieur.

— De quelle sorte ?

— Politiques.