Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Est un effet naturel de mon devoir d’ami… Le ministre refusait. Richelieu sollicite et donne.

— Ah ! duc, tu m’enchantes, tu es donc un véritable ami ?

— Pardieu !

— Mais le roi, le roi qui me fait une telle faveur…

— Le roi ne sait pas seulement ce qu’il fait, ou peut-être me trompé-je et le sait-il à merveille.

— Que veux-tu dire ?

— Je veux dire que Sa Majesté a sans doute quelque motif en ce moment de déplaire à madame du Barry, et que c’est à ce motif bien plus qu’à mon influence que tu dois la faveur qu’il t’accorde.

— Tu crois ?

— J’en suis sûr, j’y aide. Tu sais que c’est à cause de cette drôlesse que j’ai refusé le portefeuille ?

— On me l’a dit ; mais, je l’avoue…

— Mais tu n’y crois pas. Allons, dis bravement.

— Eh bien, bravement, je l’avouerai…

— Cela veut dire que tu m’as connu sans scrupules, n’est-ce pas ?

— Cela veut dire du moins que je t’ai connu sans préjugés.

— Mon cher, je vieillis, et je n’aime plus les jolies femmes que pour moi… Et puis, j’ai encore d’autres idées… Revenons à ton fils, c’est un charmant garçon.

— Fort mal avec le du Barry, qui était chez toi quand j’ai eu la maladresse de m’y présenter.

— Je le sais, et voilà pourquoi je ne suis pas ministre.

— Bon !

— Sans doute, mon ami.

— Tu as refusé le portefeuille pour ne pas déplaire à mon fils ?

— Si je te le disais, tu ne le croirais pas : il n’en est rien. J’ai refusé, parce que les exigences des du Barry, qui commençaient par l’exclusion de ton fils, eussent abouti à des énormités en tout genre.

— Alors, tu es brouillé avec ces espèces ?