Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/56

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— Oui et non : ils me craignent, je les méprise, c’est un prêté pour un rendu.

— C’est héroïque, mais c’est imprudent.

— Pourquoi donc ?

— La comtesse a du crédit.

— Peuh ! fit Richelieu.

— Comme tu dis cela !

— Je le dis comme un homme qui sent le faible de la position, et qui, s’il le fallait, attacherait le mineur au bon endroit pour faire sauter la place.

— Je vois la vérité : tu rends service à mon fils, un peu pour piquer les du Barry.

— Beaucoup pour cela, et ta perspicacité n’est pas en défaut ; ton fils me sert de grenade, j’incendie par son moyen… Mais à propos, baron, est-ce que tu n’as pas aussi une fille ?

— Oui.

— Jeune ?

— Seize ans.

— Belle ?

— Comme Vénus.

— Qui habite Trianon.

— Tu la connais donc ?

— J’ai passé la soirée avec elle, et j’ai causé d’elle une heure avec le roi.

— Avec le roi ? s’écria Taverney dont les joues s’empourprèrent.

— En personne.

— Le roi a parlé de ma fille, de mademoiselle Andrée de Taverney ?

— Qu’il dévore des yeux, oui, mon cher.

— Ah ! vraiment ?

— Je te contrarie en te disant cela ?

— Moi… non, certes… le roi m’honore en regardant ma fille… mais…

— Mais quoi ?

— C’est que le roi…

— A de mauvaises mœurs ; est-ce cela que tu veux dire ?