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XCIV

MÉTAMORPHOSES.


Nicole ne se sentait plus d’aise ; quitter Taverney pour se rendre à Paris n’avait pas été pour elle un triomphe aussi grand que de quitter Paris pour Trianon.

Elle fut tellement gracieuse avec le cocher de M. de Richelieu, que la réputation de la nouvelle femme de chambre était faite le lendemain dans toutes les remises et dans toutes les antichambres un peu aristocratiques de Versailles et de Paris.

Lorsqu’on arriva au pavillon de Hanovre, M. de Richelieu prit la petite par la main et la conduisit lui-même au premier étage, où l’attendait M. Rafté, écrivant force lettres pour le compte de monseigneur.

Parmi toutes les attributions de M. le maréchal, la guerre jouant le plus grand rôle, le Rafté, en théorie du moins, était devenu un si habile homme de guerre, que Polybe et le chevalier de Folard, s’ils eussent vécu, se fussent tenus très heureux de recevoir un de ces petits mémoires sur les fortifications et les manœuvres, comme Rafté en écrivait chaque semaine.

M. Rafté était donc occupé à rédiger un projet de guerre contre les Anglais dans la Méditerranée, lorsque le maréchal entra et lui dit :

— Tiens, Rafté, regarde-moi cette enfant.

Rafté regarda.

— Très-aimable, monseigneur, dit-il avec un mouvement de lèvres des plus significatifs.

— Oui, mais sa ressemblance ?… Rafté, c’est de sa ressemblance que je parle.

— Eh ! c’est vrai ; ah ! diable !