Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/70

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tomber sur le vase plein d’eau, pour montrer qu’on y pouvait ajouter quelque chose, sans faire déborder le contenu.

Andrée partit pour Trianon vers une heure. Jamais elle n’avait été plus vite et plus gracieusement parée. Nicole s’était surpassée : complaisances, attentions et intentions, rien n’avait manqué à son service.

Lorsque mademoiselle de Taverney fut partie, Nicole se sentit maîtresse de la place et en fit la revue exacte. Tout passa par son examen, depuis les lettres jusqu’aux derniers colifichets de toilette, depuis la cheminée jusqu’aux plus secrets recoins des cabinets.

Et puis on regarda par la fenêtre pour prendre l’air du voisinage.

En bas, une vaste cour, où les palefreniers pansaient et étrillaient les chevaux de luxe de madame la dauphine. Des palefreniers, fi donc ! Nicole détourna la tête.

À droite, une rangée de fenêtres sur le rang de la fenêtre d’Andrée. Quelques têtes y apparurent, têtes de femme de chambre et de frotteurs. Nicole passa dédaigneusement à un autre examen.

En face, des maîtres de musique faisaient répéter, dans une vaste chambre, des choristes et des instrumentistes pour la messe de saint-Louis.

Nicole s’amusa, tout en époussetant, à chantonner à sa manière, de telle sorte qu’elle donna des distractions aux maîtres et que les choristes chantèrent faux impunément.

Mais ce passe-temps ne pouvait longtemps suffire aux ambitions de mademoiselle Nicole ; lorsque maîtres et écoliers se furent suffisamment querellés et trompés, la petite personne passa la revue de l’étage supérieur. Toutes les fenêtres étaient fermées ; d’ailleurs, c’étaient des mansardes.

Nicole se remit à épousseter ; mais, un moment après, une de ces mansardes était ouverte, sans qu’on eût pu voir par quel mécanisme, car personne ne paraissait.

Quelqu’un cependant l’avait ouverte, cette fenêtre ; ce quelqu’un avait vu Nicole et ne restait pas à la regarder ; c’était un quelqu’un bien impertinent.