Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/80

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amis des parlements font la besogne. Si M. d’Aiguillon, qui s’en doute, peut avant l’explosion mettre la main sur vous, il vous arrachera une promesse de le servir en cas de malheur, car votre ressentiment est de ceux que vous ne pouvez hautement faire passer avant un intérêt de famille ; si vous refusez, au contraire, M. d’Aiguillon s’en va en vous nommant son ennemi, en vous attribuant le mal, et il s’en va soulagé, comme on l’est toujours, chaque fois qu’on a trouvé la cause du mal, bien que le mal ne soit pas guéri.

— C’est parfaitement juste, répliqua Richelieu ; mais je ne puis me celer éternellement. Combien de jours avant l’explosion ?

— Six jours, monsieur.

— C’est sûr ?

Rafté tira de sa poche une lettre d’un conseiller au parlement ; cette lettre contenait seulement les deux lignes que voici :

« Il a été décidé que l’arrêt serait rendu. Il le sera jeudi, dernier délai fixé par la compagnie. »

— Alors, rien de plus simple, répliqua le maréchal, renvoie au duc sa lettre avec un billet de ta main.

« Monsieur le duc,

« Vous aurez appris le départ de M. le maréchal pour ***. Ce changement d’air a été jugé indispensable par le médecin de M. le maréchal, qu’il trouve un peu fatigué. Si, comme je le crois d’après ce que vous m’avez fait l’honneur de me dire l’autre jour, vous désirez de parler à M. le maréchal, je puis vous certifier que jeudi au soir, M. le duc couchera, revenant de ***, en son hôtel à Paris ; vous l’y trouverez donc sans faute. »

— Et maintenant, ajouta le maréchal, cache-moi quelque part jusqu’à jeudi.

Rafté suivit ponctuellement ces instructions. Le billet fut écrit et envoyé, la cachette fut trouvée. Seulement, M. le duc de Richelieu, qui s’ennuyait fort, sortit un soir pour aller