Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 4.djvu/99

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— Que voulez-vous ! les chansonniers… ils ne respectent rien. Dieu ! que cette corde est grasse ! Alors vous répondez ceci :

Je suis vieille et têtue ;
Un gros procès me tue ;
Qui me le gagnera ?

— Eh ! monsieur, c’est affreux ! s’écria la comtesse ; on n’outrage pas ainsi une femme de qualité.

— Madame, excusez-moi si j’ai chanté faux ; cet escalier m’échauffe… Ah ! nous voici arrivés ; permettez que je tire le pied de biche.

La vieille laissa passer en grommelant le duc devant elle.

Le maréchal sonna, et madame Flageot, qui, pour être devenue procureuse, n’avait pas cessé d’être portière et cuisinière, vint ouvrir la porte.

Les deux plaideurs, introduits dans le cabinet de maître Flageot trouvèrent un homme furieux qui s’escrimait, la plume aux dents, à dicter un factum terrible à son premier clerc.

— Mon Dieu, maître Flageot, qu’y a-t-il donc ? s’écria la comtesse, dont la voix fit retourner le procureur.

— Ah ! madame, serviteur de tout mon cœur. Un siège à madame la comtesse de Béarn. Monsieur est avec vous, madame ?… Eh ! mais, je ne me trompe pas ; M. le duc de Richelieu chez moi ?… Un autre siège, Bernardet, un autre siège.

— Maître Flageot, dit la comtesse, où en est mon procès, je vous prie ?

— Ah ! madame, justement je m’occupais de vous à cette heure.

— Fort bien, maître Flageot, fort bien.

— Et d’une façon, madame la comtesse, qui fera du bruit, je l’espère.

— Hum ! prenez garde…

— Oh ! madame, il n’y a plus rien à ménager…

— Si vous vous occupez de moi, alors, vous pouvez donner audience à M. le duc.