mesure qu’il parlait, je vous assure, mademoiselle, qu’avec cette simplicité, vous finirez par être ridiculisée ici.
— Mon père…
— Le ridicule tue partout, et fait plus à la cour.
— Monsieur, j’aviserai. Mais, pour l’instant, madame la dauphine me saura gré de me vêtir moins élégamment, en faveur de mon empressement à me rendre auprès d’elle.
— Allez donc et revenez, je vous prie, aussitôt que vous serez libre ; car j’ai à vous entretenir d’une affaire sérieuse.
— Oui, mon père, dit Andrée.
Et elle essaya de continuer son chemin.
Le baron la regardait de tous ses yeux.
— Attendez, attendez, cria-t-il, vous ne pouvez sortir ainsi ; vous avez oublié votre rouge, mademoiselle ; vous êtes d’une pâleur repoussante.
— Moi, mon père ? fit Andrée, s’arrêtant.
— Mais, en vérité, quand vous vous regardez au miroir à quoi pensez-vous donc ? Vos joues sont blanches comme cire, vos yeux cernés d’un demi-pied. On ne sort pas comme cela, mademoiselle, sous peine de faire peur aux gens.
— Je n’ai plus le temps de rien changer à ma toilette, mon père.
— C’est odieux, en vérité, c’est odieux ! s’écria Taverney en haussant les épaules ; il n’y a qu’une femme comme celle-là au monde, et je l’ai pour fille ! Quelle atroce chance ! Andrée ! Andrée !
Mais Andrée était déjà au bas de l’escalier.
Elle se retourna.
— Au moins, s’écria Taverney, dites que vous êtes malade, rendez-vous intéressante, mordieu ! si vous ne voulez pas vous faire belle !
— Oh ! quant à cela, mon père, ce me sera chose facile, et je dirai que je suis malade sans mentir, car je me sens réellement souffrante en ce moment.
— Bien, grommela le baron ; bien, il ne nous manque plus que cela… malade !
Puis, entre ses dents :