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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/124

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Madame du Dubarry rougit. Il était si matin, qu’elle n’avait encore ni rouge, ni mouches ; rougir était donc possible.

Mais rougir était surtout dangereux.

— Vous me regardez tous deux avec vos grands beaux yeux étonnés, dit Richelieu ; il faut donc que je vous instruise de vos propres affaires ?

— Instruisez, instruisez, dirent à la fois le duc et la comtesse.

— Eh bien, le roi aura pénétré tout, grâce à sa merveilleuse sagacité, et il aura pris peur.

— Qu’aura-t-il pénétré ? Voyons, demanda la comtesse ; car, en vérité, maréchal, vous me faites mourir d’impatience.

— Mais votre semblant d’intelligence avec mon beau neveu que voici…

D’Aiguillon pâlit et sembla dire par son regard à la comtesse :

― Voyez-vous, j’étais sûr d’une méchanceté.

Les femmes sont braves en pareil cas, beaucoup plus braves que les hommes. La comtesse en vint tout de suite au combat.

— Duc, dit-elle, je crains les énigmes, lorsque vous remplissez le rôle de sphinx ; car alors, un peu plus tôt, un peu plus tard, il me semble que je vais être immanquablement dévorée : tirez-mot d’inquiétude, et, si c’est une plaisanterie, eh bien, permettez-moi de la trouver mauvaise.

— Mauvaise, comtesse ! mais c’est qu’au contraire elle est excellente, s’écria Richelieu ; pas la mienne, la vôtre, bien entendu.

— Je n’y suis aucunement, maréchal, fit madame Dubarry en pinçant ses lèvres avec une impatience que son petit pied mutin décelait plus visiblement encore.

— Allons, allons, pas d’amour-propre, comtesse, continua Richelieu. C’est bien ; vous avez redouté que le roi ne s’attachât à mademoiselle de Taverney. Oh ! ne contestez pas, c’est démontré pour moi jusqu’à l’évidence.

— Oh ! c’est vrai, je ne m’en cache point.

— Eh bien ! ayant redouté cela, vous avez voulu de votre côté, autant que possible, piquer au jeu Sa Majesté.