— Lesquelles ? demanda d’Aiguillon.
— Que diable ! mon cher duc, vous êtes bien pressé, dit la comtesse ; laissez donc le temps au maréchal de les faire.
— Non, , le diable m’emporte ; je puis vous les dire tout de suite ; elles sont toutes faites, et même elles sont déjà d’ancienne date.
— Maréchal, si vous nous apportez des vieilleries…
— Dame ! fit le maréchal, c’est à prendre ou à laisser, comtesse.
— Eh bien, soit ! prenons.
— Il paraît, comtesse, que le roi a donné dans le piége.
— Dans le piége ?
— Oui, complétement.
— Dans quel piège ?
— Dans celui que vous lui avez tendu.
— Moi, fit la comtesse, j’ai tendu un piège au roi ?
— Parbleu ! vous le savez bien.
— Non, sur ma parole, je ne le sais pas.
— Ah ! comtesse, ce n’est pas aimable de me mystifier ainsi.
— Vrai, maréchal, je n’y suis pas ; expliquez-vous donc, je vous en supplie.
— Oui, mon oncle, expliquez-vous, dit d’Aiguillon, qui devinait quelque méchant dessein sous le rire ambigu du maréchal ; madame attend et est tout inquiète.
Le vieux duc se retourna vers son neveu.
— Pardieu ! dit-il, il serait drôle que madame la comtesse ne vous eût pas mis dans sa confidence, mon cher d’Aiguillon ; ah ! dans ce cas, ce serait bien autrement profond encore que je ne croyais.
— Moi, mon oncle ?
— Lui ?
— Sans doute, toi ; sans doute, lui ; voyons, comtesse, de la franchise : l’avez-vous mis de moitié dans vos petites conspirations contre Sa Majesté… ce pauvre duc, qui y a joué un si grand rôle ?