n’a pas trouvé une seule potion à m’ordonner, une seule pilule à me prescrire, lui qui abat chaque jour des bras et des jambes à faire frémir, à ce qu’on dit ; donc, Philippe, vous le voyez, je me porte à merveille. Maintenant, dites-moi qui vous a effrayé ?
— C’est ce petit niais de Gilbert, pardieu !
— Gilbert ? dit Andrée avec un mouvement visible d’impatience.
— Oui, il m’a dit que vous étiez fort malade.
— Et vous avez cru ce petit idiot, ce fainéant, qui n’est bon qu’à faire le mal ou à le dire ?
— Andrée, Andrée !
— Eh bien ?
— Vous pâlissez encore.
— Non, mais c’est que ce Gilbert m’agace ; ce n’est pas assez de le rencontrer sur mon chemin, il faut que j’entende encore parler de lui quand il n’est pas là.
— Allons, vous allez encore vous évanouir.
— Oh ! oui, oui, mon Dieu !… Mais c’est qu’aussi…
Et les lèvres d’Andrée blêmirent, et sa voix s’arrêta.
— Voilà qui est étrange ! murmura Philippe.
Andrée fit un effort.
— Non, ce n’est rien, dit-elle ; ne faites pas attention à toutes ces bluettes et toutes ces vapeurs ; me voilà sur mes pieds, Philippe ; tenez, si vous m’en croyez, nous irons faire un tour ensemble, et dans dix minutes, je serai guérie.
— Je crois que vous vous abusez sur vos propres forces, Andrée.
— Non ; Philippe revenu serait la santé au cas où je serais mourante ; voulez-vous que nous sortions, Philippe ?
— Tout à l’heure, chère Andrée, dit Philippe en arrêtant doucement sa sœur ; vous ne m’avez pas encore rassuré complétement, laissez-vous remettre.
— Soit.
Andrée se laissa retomber sur le sofa, entraînant auprès d’elle Philippe, qu’elle tenait par la main.