Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/150

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— Je le désire de tout mon cœur, monsieur, et, si je me suis trompé, je l’avouerai avec joie. Adieu !

Et le docteur, rendu à la liberté, partit laissant Philippe sur l’esplanade, Philippe tremblant de fièvre, inondé d’une sueur glacée, et ne connaissant plus, dans son transport délirant, ni l’endroit où il se trouvait, ni l’homme avec lequel il avait causé, ni le secret qu’il venait d’apprendre.

Pendant quelques minutes, il regarda, sans comprendre, le ciel qui s’illuminait insensiblement d’étoiles, et le pavillon qui s’éclairait.


CXLIII

INTERROGATOIRE.


Aussitôt que Philippe eut repris ses sens et fut parvenu à se rendre maître de sa raison, il se dirigea vers l’appartement d’Andrée.

Mais, à mesure qu’il s’avançait vers le pavillon, le fantôme de son malheur s’évanouissait peu à peu ; il lui semblait que c’était un rêve qu’il venait de faire, et non une réalité avec laquelle il avait un instant lutté. Plus il s’éloignait du docteur, plus il devenait incrédule à ses menaces. Bien certainement la science s’était trompée, mais la vertu n’avait pas failli.

Le docteur ne lui avait-il pas donné complétement raison en promettant de revenir chez sa sœur ?

Cependant, lorsque Philippe se retrouva en face d’Andrée, il était si changé, si pâle, si défait, que ce fut à elle à son tour de s’inquiéter pour son frère, et de lui demander comment il se pouvait qu’en si peu de temps un si terrible changement se fût opéré en lui.

Une seule chose pouvait avoir produit un pareil effet sur Philippe.