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Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/197

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— Jamais.

Un regard de Balsamo adressé à Philippe lui dit clairement : « Vous voyez si je vous trompais, monsieur ? »

— Et vous dites que vous allâtes rejoindre le comte ?

— Oui, je lui obéis quand il m’appelle.

— Que vous voulait le comte ?

Andrée hésita.

— Dites, dites, s’écria Balsamo ; je n’écouterai pas.

Et il retomba sur son fauteuil en ensevelissant sa tête dans ses mains, comme pour empêcher le bruit de la parole d’Andrée de venir jusqu’à lui.

— Dites, que vous voulait le comte ? répéta Philippe.

— Il voulait me demander des nouvelles…

Elle s’arrêta de nouveau ; on eût dit qu’elle craignait de briser le cœur du comte.

— Continuez, ma sœur, continuez, dit Philippe.

— D’une personne qui s’était évadée de sa maison, et — Andrée baissa la voix —, et qui est morte depuis.

Si bas qu’Andrée eût prononcé ces paroles, Balsamo les entendit ou les devina, car il poussa un sombre gémissement.

Philippe s’arrêta ; il y eut un moment de silence.

— Continuez, continuez, dit Balsamo, votre frère veut tout savoir, mademoiselle ; il faut que votre frère sache tout. Après que cet homme eut reçu les renseignements qu’il désirait, que fit-il ?

— Il s’enfuit, dit Andrée.

— Vous laissant dans le jardin ? demanda Philippe.

— Oui.

— Que fites-vous alors ?

— Comme il s’éloignait de moi, comme la force qui me soutenait s’éloigna avec lui, je tombai.

— Évanouie ?

— Non, toujours endormie, mais d’un sommeil de plomb.

— Pouvez-vous rappeler ce qui vous arriva pendant ce sommeil ?