Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/219

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— Insolent !

— Assez ! répliqua Philippe. Craignez d’éveiller, en parlant si haut, l’ombre, hélas ! trop insensible de ma mère, qui, si elle vivait, eût veillé sur sa fille.

Le baron baissa les paupières devant l’éblouissante clarté qui jaillissait des yeux de son fils.

— Ma fille, reprit-il après un moment, ne me quittera pas sans ma volonté.

— Ma sœur, dit Philippe, ne vous reverra jamais, mon père.

— Est-ce elle qui dit cela ?

— C’est elle qui m’envoie vous le déclarer.

Le baron essuya d’une main tremblante ses lèvres blanches et humides.

— Soit ! dit-il.

Puis, haussant les épaules :

— J’ai eu du malheur en enfants, s’écria-t-il, un sot et une brute.

Philippe ne répliqua rien.

— Bon, bon, continua Taverney, je n’ai plus besoin de vous ; allez… si la thèse est récitée.

— J’avais encore deux choses à vous dire, monsieur.

— Dites.

— La première est celle-ci : le roi a donné, à vous, un écrin de perles…

— À votre sœur, monsieur…

— À vous, monsieur… D’ailleurs, peu importe… Ma sœur ne porte point de joyaux pareils… Ce n’est pas une prostituée que mademoiselle de Taverney ; elle vous prie de remettre l’écrin à qui l’a donné ; ou, comme vous craindriez de désobliger Sa Majesté, qui a tant fait pour notre famille, de garder l’écrin chez vous.

Philippe tendit l’écrin à son père. Celui-ci le prit, l’ouvrit, regarda les perles et le jeta sur un chiffonnier.

— Après ? dit-il.

— Ensuite, monsieur, comme nous ne sommes pas riches, puisque vous avez engagé ou dépensé jusqu’au bien de notre mère, ce dont je ne vous fais pas reproche, à Dieu ne plaise…