Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/296

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Il déposa un baiser timide, tremblant même, sur la joue fraîche du nouveau-né, et recula en chancelant.

Le père Pitou était déjà sur le seuil, un bâton ferré en main, sa belle veste sur le dos, en sautoir.

Gilbert donna un demi-louis au gros Ange Pitou, qui rôdait entre ses jambes, et les deux femmes lui demandèrent l’honneur de l’embrasser, avec la touchante familiarité des campagnes.

Tant d’émotions avaient accablé ce père de dix-huit ans, qu’un peu plus il y succombait. Pâle, nerveux, il commençait à perdre la tête.

— Partons, dit-il à Pitou.

— À vos souhaits, monsieur, répliqua le paysan en ouvrant la marche.

Et ils partirent en effet.

Tout à coup Madeleine se mit à crier du seuil :

— Monsieur ! monsieur !

— Qu’y a-t-il ? dit Gilbert.

— Son nom ! son nom ! Comment voulez-vous qu’on le nomme ?

— Il s’appelle Gilbert ! répliqua le jeune homme avec un mâle orgueil.


CLXI

LE DÉPART.


Ce fut chez le tabellion une affaire bien promptement réglée. Gilbert déposa, sous son nom, une somme de vingt mille, moins quelques cents livres, destinée à subvenir aux frais d’éducation et d’entretien de l’enfant, comme aussi à lui former un établissement de laboureur lorsqu’il aurait atteint l’âge d’homme.

Gilbert régla éducation et entretien à la somme de cinq cents