Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/32

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— Je crée des sympathies, dit-il.

— Oui, je sais cela.

— Vous y croyez même.

— J’y crois.

— Eh bien, je créerai de même des répugnances, et au besoin des impossibilités. Ainsi, tranquillisez-vous, comtesse, je veille.

Balsamo répandait tous ces lambeaux de phrases avec un égarement que madame du Barry n’eût pas pris comme elle le prit, pour de la divination, si elle eût connu toute la soif fiévreuse qu’avait Balsamo de retrouver Lorenza au plus vite.

— Allons, dit-elle, décidément, comte, vous êtes non seulement mon prophète de bonheur, mais encore mon ange gardien. Comte, faites-y bien attention, je vous défendrai, défendez-moi. Alliance ! alliance !

— C’est fait, madame, répliqua Balsamo.

Et il baisa encore une fois la main de la comtesse.

Puis, refermant la portière du carrosse, que la comtesse avait fait arrêter aux Champs-Élysées, il monta sur son cheval, qui hennit de joie, et disparut bientôt dans l’ombre de la nuit.

— À Luciennes ! cria madame du Barry consolée.

Balsamo, cette fois, fit entendre un léger sifflement, pressa légèrement les genoux et enleva Djérid, qui partit au galop.

Cinq minutes après, il était dans le vestibule de la rue Saint-Claude, regardant Fritz.

— Eh bien ? demanda-t-il avec anxiété.

— Oui, maître, répondit le domestique, qui avait l’habitude de lire dans son regard.

— Elle est rentrée ?

— Elle est là-haut.

— Dans quelle chambre ?

— Dans la chambre aux fourrures.

— Dans quel état ?

— Oh ! bien fatiguée ; elle courait si rapidement que moi,