Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/330

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mon regard, le feu de cette bougie tremblotante dont je viens de vous expliquer le sens.

— C’est vrai, murmura le jeune homme, c’est vrai, mon maître.

— Louis XIV, continua le vieillard, a régné soixante-treize ans ; combien Louis XV régnera-t-il ?

— Ah ! s’écria le jeune homme en montrant du doigt la fenêtre qui venait tout à coup de s’ensevelir dans l’obscurité.

— Le roi est mort ! dit le vieillard, en se levant avec une sorte d’effroi.

Et tous deux gardèrent le silence pendant quelques minutes.

Tout à coup, un carrosse attelé de huit chevaux partit au galop de la cour du palais. Deux piqueurs le précédaient, tenant chacun une torche à la main. Dans le carrosse étaient le dauphin, Marie-Antoinette et madame Élisabeth, sœur du roi. La lumière des flambeaux éclairait sinistrement leurs visages pâles. Le carrosse vint passer près des deux hommes, à dix pas du banc.

— Vive le roi Louis XVI ! Vive la reine ! cria le jeune homme d’une voix stridente, comme s’il insultait cette Majesté nouvelle au lieu de la saluer.

Le dauphin salua ; la reine montra son visage, triste et sévère. Le carrosse disparut.

— Mon cher monsieur Rousseau, dit alors le jeune homme, voilà madame du Barry veuve !

— Demain, elle sera exilée, dit le vieillard. Adieu, monsieur Marat…


FIN DE JOSEPH BALSAMO.