Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/49

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— Mais tu connais donc l’élément dont le diamant se forme.

— Sans doute, le diamant c’est la cristallisation du carbone pur.

Balsamo demeura étourdi ; une lumière éblouissante, inattendue, inouïe, jaillissait à ses yeux : il les couvrit de ses deux mains comme s’il eut été aveuglé de cette flamme.

— Oh ! mon Dieu, dit-il, mon Dieu, tu fais trop pour moi ; quelque danger me menace. Mon Dieu ! quel est l’anneau précieux que je puis jeter à la mer pour conjurer ta jalousie ? Assez, assez pour aujourd’hui, Lorenza, assez.

— Ne suis-je pas à toi ? ordonne, commande.

— Oui, tu es à moi, viens, viens.

Et Balsamo entraîna Lorenza hors du laboratoire, traversa la chambre des fourrures, et sans faire attention à un léger craquement qu’il entendit au-dessus de sa tête, il rentra avec Lorenza dans la chambre grillée.

— Ainsi, demanda la jeune femme, tu es content de ta Lorenza, mon Balsamo bien-aimé ?

— Oh ! fit celui-ci.

— Que craignais-tu donc ? Dis, parle.

Balsamo joignit les mains et regarda Lorenza avec une expression de terreur dont un spectateur qui n’eût pas su lire dans son âme eût eu peine à se rendre compte.

— Oh ! murmura-t-il, moi qui ai failli tuer cet ange, et moi qui ai failli mourir de désespoir avant de résoudre ce problème d’être heureux et puissant à la fois ; moi, qui ai oublié que les limites du possible dépassent toujours l’horizon tracé par l’état présent de la science, et que la plupart des vérités, qui sont devenues des faits, ont toujours commencé par être regardées pour des visions ; moi, qui croyais tout savoir et qui ne savais rien !

La jeune femme souriait divinement.

— Lorenza, Lorenza, continua Balsamo, il est donc réalisé ce mystérieux dessein du Créateur, qui fait naître la femme de la chair de l’homme, et qui leur dit de n’avoir qu’un cœur à eux deux ! Ève est ressuscitée pour moi ; Ève, qui ne pensera pas sans moi, et dont la vie est suspendue au fil que je tiens ; c’