Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/68

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monstrueux, j’ai délaissé le malheureux vieillard. J’ai été ingrat, j’ai été inhumain.

Et Balsamo, avec cette fièvre qui animait à cette heure tous ses mouvements, Balsamo s’approcha du ressort qui faisait jouer la bascule du plafond.

Aussitôt le mobile échafaudage descendit rapidement.

Balsamo se plaça dessus, et, à l’aide du contre-poids, commença de monter ; mais tout entier encore au trouble de son esprit et de son cœur, et sans songer à autre chose qu’à Lorenza.

À peine toucha-t-il le niveau de la chambre d’AIthotas, que la voix du vieillard vint frapper son oreille et le tira de sa douloureuse rêverie.

Mais, au grand étonnement de Balsamo, ses premières paroles ne furent point un reproche, comme il s’y attendait : ce fut un éclat de gaieté naturel et simple qui l’accueillit.

L’élève leva sur le maître un regard étonné.

Le vieillard était renversé dans sa chaise à ressorts ; il respirait bruyamment et avec délices, comme si à chaque aspiration il eut repris un jour de vie ; ses yeux, pleins d’un feu sombre, mais dont le sourire épanoui sur ses lèvres égayait l’expression, ses yeux s’attachaient avec importunité sur son visiteur.

Balsamo recueillit ses forces et rassembla ses idées pour ne rien laisser voir de son trouble au maître, si peu indulgent pour les faiblesses de l’humanité.

Pendant cette minute de recueillement, Balsamo sentit une oppression étrange peser sur sa poitrine. L’air, sans doute, était vicié par une résorption trop constante, une odeur lourde, fade, tiède, nauséabonde ; cette même odeur qu’il avait déjà respirée en bas, mais à un plus faible degré, nageait dans l’air, et, pareille à ces vapeurs qui montent des lacs et des marais en automne au lever et au coucher du soleil, elle avait pris un corps et terni les vitres.

Dans cette atmosphère épaisse et âcre, le cœur de Balsamo faiblit, sa tête s’embarrassa, un vertige le saisit, il sentit que la respiration et les forces allaient lui manquer à la fois.