Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/85

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coupables ont été signalés à l’ordre : une femme, ta complice, qui, peut-être innocemment, mais qui, de fait, a porté préjudice à la cause en révélant un de nos secrets ; toi secondement, toi le maître, toi le grand cophte ; toi, le rayon lumineux qui as eu la lâcheté de t’abriter derrière cette femme pour que l’on vît moins clairement la trahison.

Balsamo souleva lentement sa tête pâle, attacha sur les commissaires un regard étincelant de tout le feu qui avait couvé dans sa poitrine depuis le commencement de l’interrogatoire.

— Pourquoi accusez-vous cette femme ? dit-il.

— Ah ! nous savons que tu essaieras de la défendre ; nous savons que tu l’aimes avec idolâtrie, que tu la préfères à tout. Nous savons qu’elle est ton trésor de science, de bonheur et de fortune ; nous savons qu’elle est pour toi un instrument plus précieux que tout le monde.

— Vous savez cela ? dit Balsamo.

— Oui, nous le savons, et nous te frapperons bien plus par elle que par toi.

— Achevez…

Le président se leva…

— Voici la sentence : Joseph Balsamo est un traître ; il a manqué à ses serments ; mais sa science est immense, elle est utile à l’ordre. Balsamo doit vivre pour la cause qu’il a trahie ; il appartient à ses frères, bien qu’il les ait reniés.

— Ah ! ah ! dit Balsamo, sombre et farouche.

— Une prison perpétuelle protégera l’association contre ses nouvelles perfidies, en même temps qu’elle permettra aux frères de recueillir de Balsamo l’utilité qu’elle a droit d’attendre de chacun de ses membres. Quant à Lorenza Feliciani, un châtiment terrible…

— Attendez, dit Balsamo avec le plus grand calme dans la voix… vous oubliez que je ne me suis pas défendu ; l’accusé doit être entendu dans sa justification… Un mot me suffira, un seul document ; attendez-moi une minute, je vais rapporter la preuve que j’ai promise.

Les commissaires se consultèrent un moment.