sorte que si dans deux jours Philippe n’a pas reçu ce brevet…
— Eh bien ?
— Dans deux jours, Philippe sera ici.
— Oui, je comprends, on l’a oublié, le pauvre garçon ; c’est là l’ordinaire dans les bureaux organisés comme ceux du nouveau ministère. Ah ! si j’eusse été ministre, le brevet serait parti.
— Hum ! reprit Taverney.
— Tu dis ?
— Je dis que je n’en crois pas un mot.
— Comment ?
— Si tu eusses été ministre, tu eusses envoyé Philippe aux cinq cents diables.
— Oh !
— Et son père aussi.
— Oh ! oh !
— Et sa sœur encore plus loin.
— Il y a du plaisir à causer avec toi, Taverney, tu es rempli d’esprit ; mais brisons là.
— Je ne demande pas mieux pour moi ; mais mon fils ne peut briser là, lui ! sa position n’est pas tenable. Duc, il faut absolument voir le roi.
— Et je ne fais que cela, te dis-je.
— Lui parler.
— Eh ! mon cher, on ne parle pas au roi, s’il ne vous parle pas.
— Le forcer.
— Ah ! je ne suis pas le pape, moi.
— Alors, dit Taverney, je vais me décider à parler à ma fille ; car il y a dans tout ceci du louche, M. le duc.
Ce mot fut magique.
Richelieu avait sondé Taverney ; il le connaissait roué, comme M. Lafare ou M. de Nocé, ses amis de jeunesse, dont la belle réputation s’était conservée intacte. Il craignait l’alliance du père et de la fille ; il craignait quelque chose d’inconnu, enfin, qui lui causerait disgrâce.