Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans mes Mémoires. Mais peut-être est-il bon qu’ils voient le jour avant l’heure et que mon récit suive le vôtre.

Vous savez bien, n’est-ce pas, ma grande amie, que je ne veux lutter avec vous que d’amitié et de souvenir pour celle qui n’est plus ?

— Les artistes dramatiques, dit-on, ne laissent rien après eux. — Mensonge ! — Ils laissent les poëtes dont ils ont représenté les œuvres, et c’est à ceux-là qui ont une plume, quand toutefois avec cette plume ils ont un cœur, — c’est à ceux-là de dire quels saints et quels martyrs sont parfois ces parias de la société qu’on appelle les artistes dramatiques.

— Vous qui l’avez si bien connue, la pauvre Marie, vous allez me dire, ma sœur, si vous la reconnaissez.

Prenons-la au moment de cette grande douleur qui la mit au tombeau. Comme vous l’avez dit, Dorval avait trois filles.

L’une de ces trois filles, Caroline, épousa René Luguet, celui qu’en voyant jouer ses rôles on appelle le joyeux Luguet.