Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/24

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voyage, mettait sa plus belle robe et disait à l’enfant :

— Je vais chez le directeur, mon petit Georges ; tiens, voilà la Bible, regarde les images des saints, et sois bien sage, en m’attendant, pour être un jour au ciel comme eux.

— Oui, mè mère, répondait l’enfant.

Et il s’asseyait loin du feu, promettait de ne pas en approcher, tenait parole, tandis que sa grand-mère sortait pour s’en aller chez le directeur.

Elle sortait pleine d’espérance. Tant que vécut son petit Georges, elle espéra. Une demi-heure après, elle rentrait triste ou gaie, plus souvent triste que gaie.

L’enfant voyait sa tristesse et lui tendait ses deux bras.

— Qu’as-tu, mè mère ? lui demandait-il.

— Oh ! ne m’en parle pas, c’est odieux, disait Dorval.

— Quoi donc ?

— Comprends-tu, Georges, ce misérable directeur qui me fait venir, qui me dit de ne pas perdre