Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/33

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Dorval y coucha l’enfant comme dans son lit, lui chantant la chanson dont elle l’avait bercé autrefois.

Hélas ! comme on le voit, cet autrefois était bien proche encore.

Le père se tenait debout, silencieux et pleurant, ayant à la main un marteau et des clous.

Quand l’enfant fut couché dans sa bière, le père écarta doucement Dorval, reposa le couvercle sur le cercueil, l’enleva pour embrasser une dernière fois l’enfant, le reposa de nouveau et frappa le premier coup.

À ce premier coup, Dorval jeta un cri, comme si le clou venait de lui entrer dans le cœur.

Puis elle se précipita, repoussa Luguet, arracha le couvercle de la bière et se coucha sur l’enfant, les bras étendus comme Jésus essayant sa croix, avec des cris, des sanglots, des gémissements tels qu’il n’en sort que du cœur des mères.

On la crut sauvée.

C’était le commencement de son agonie, agonie du cœur qui tua le corps, agonie qui devait durer juste un an.