Page:Dumas - La Dernière Année de Marie Dorval, 1855.djvu/64

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Jusqu’au moment où Millaud a fait fortune, je n’ai jamais eu pour amis que des gueux.

Pardieu si Millaud avait été riche à cette époque, j’aurais été chez Millaud.

Mais il ne l’était pas.

Je ne connaissais aucun ministre ; je n’en passai pas moins leurs noms en revue, et je m’arrêtai à celui de M. Falloux.

Pourquoi plutôt M. Falloux qu’un autre ? Je n’en sais ma foi rien.

Je crois cependant me rappeler qu’il avait fait un assez beau discours la veille, et il me semblait qu’un homme éloquent devait être un homme bon.

Je me fis annoncer chez M. Falloux, qui me reçut à l’instant même.

Il s’avança vers moi évidemment fort étonné de ma visite : nous étions loin d’être de la même opinion, et en 1849 l’opinion était encore pour quelque chose dans les relations sociales.

— Monsieur, lui dis-je, vous m’excuserez de vous avoir choisi, par une sympathie instinctive, entre tous vos collègues pour venir vous demander un service.