Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/128

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— Voyez-vous, citoyenne, je suis venu à Paris pour étudier les arts et respirer un air libre. Eh bien ! si par malheur je voyais un de ces spectacles, dont vous venez de me parler, si je voyais une jeune fille ou une femme traînée à la mort en regrettant la vie, citoyenne, je penserais à ma fiancée, que j’aime, et qui, peut-être… Non, citoyenne, je ne resterai pas plus longtemps dans cette chambre ; en avez-vous une sur les derrières de la maison ?

— Chut ! malheureux, vous parlez trop haut ; si mes officieux vous entendent…

— Vos officieux ! qu’est-ce que cela, officieux ?

— C’est un synonyme républicain de valet.

— Eh bien ! si vos valets m’entendent, qu’arrivera-t-il ?

— Il arrivera que, dans trois ou quatre jours, je pourrai vous voir de cette fenêtre sur une des charrettes, à quatre heures de l’après-midi.

Cela dit avec mystère, la bonne dame descendit précipitamment, et Hoffmann l’imita.

Il se glissa hors de la maison, résolu à tout pour échapper au spectacle populaire.

Quand il fut au coin du quai, le sabre des gendarmes brilla, un mouvement se fit dans la foule, les masses hurlèrent et se prirent à courir.

Hoffmann à toutes jambes gagna la rue Saint-Denis, dans laquelle il s’enfonça comme un fou ; il fit, pareil au chevreuil, plusieurs voltes dans différentes petites rues, et disparut dans ce dédale de ruelles qui s’embrouillent entre le quai de la Ferraille et les halles.

Il respira enfin en se voyant rue de la Ferronnerie, où,