Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/136

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voyons si, en cachant la date du jour où il a été écrit, j’y retrouverai la trace des choses au milieu desquelles il venait au jour.

Hoffmann s’accouda à la balustrade du théâtre, et voici ce qu’il lut :

« J’ai toujours remarqué dans les ballets d’action que les effets de décorations et les divertissemens variés et agréables étaient ce qui attirait le plus la foule et les vifs applaudissemens. »

— Il faut avouer que voilà un homme qui a fait là une remarque curieuse, pensa Hoffmann, sans pouvoir s’empêcher de sourire à la lecture de cette première naïveté. Comment ! il a remarqué que ce qui attire dans les ballets, ce sont les effets de décorations et les divertissemens variés et agréables. Comme cela est poli pour messieurs Haydn, Pleyel et Méhul, qui ont fait la musique du Jugement de Pâris ! Continuons.

« D’après cette remarque, j’ai cherché un sujet qui pût se plier à faire valoir les grands talens que l’Opéra de Paris seul possède en danse, et qui me permît d’étendre les idées que le hasard pourrait m’offrir. L’histoire poétique est le train inépuisable que le maître de ballet doit cultiver ; ce terrain n’est pas sans épines ; mais il faut savoir les écarter pour cueillir la rose. »

— Ah ! par exemple ! voilà une phrase à mettre dans un cadre d’or ! s’écria Hoffmann. Il n’y a qu’en France qu’on écrive ces choses-là.

Et il se mit à regarder le livret, s’apprêtant à continuer cette intéressante lecture qui commençait à l’égayer ; mais son esprit, détourné de sa véritable préoccupation, y reve-