Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/153

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— Faites un effort.

Hoffmann fit un effort si douloureux, qu’il poussa un cri, comme si les nerfs de son cou étaient devenus de marbre et se fussent brisés dans ce moment.

Il regarda dans l’avant-scène indiquée.

Dans cette avant-scène il n’y avait qu’un homme, mais, cet homme, accroupi comme un lion sur la balustrade de velours, semblait à lui seul remplir cette avant-scène.

C’était un homme de trente-deux ou trente-trois ans, au visage labouré par les passions ; on eût dit que, non pas la petite vérole, mais l’éruption d’un volcan, avait creusé les vallées dont les profondeurs s’entre-croisaient sur cette chair toute bouleversée ; ses yeux avaient dû être petits, mais ils s’étaient ouverts par une espèce de déchirement de l’âme ; tantôt ils étaient atones et vides comme un cratère éteint, tantôt ils versaient des flammes comme un cratère rayonnant. Il n’applaudissait pas en rapprochant ses mains l’une de l’autre, il applaudissait en frappant sur la balustrade, et, à chaque applaudissement, il semblait ébranler la salle.

— Oh ! fit Hoffmann, est-ce un homme que je vois là ?

— Oui, oui, c’est un homme, répondit le petit homme noir ; oui, c’est un homme, et un fier homme même.

— Comment s’appelle-t-il ?

— Vous ne le connaissez pas ?

— Mais non, je suis arrivé hier seulement.

— Eh bien ! c’est Danton.

— Danton ! fit Hoffmann en tressaillant. Oh ! oh ! Et c’est l’amant d’Arsène ?

— C’est son amant.