Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/166

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en diamans ? où avez-vous vu enfin les bustes d’Apollon et de Terpsichore ? Mais il y a deux ans que les fleurs ne fleurissent plus, que les diamans sont tournés en assignats, et que les bijoux sont fondus sur l’autel de la patrie. Quant à moi, Dieu merci ! je n’ai jamais eu d’autres boucles que ces boucles de cuivre, d’autres bagues que cette méchante bague de vermeil, et d’autre tabatière que cette pauvre tabatière d’argent ; pour les bustes d’Apollon et de Terpsichore, ils y ont été autrefois, mais les amis de l’humanité sont venus casser le buste d’Apollon et l’ont remplacé par celui de l’apôtre Voltaire ; mais les amis du peuple sont venus briser le buste de Terpsichore et l’ont remplacé par celui du dieu Marat.

— Oh ! s’écria Hoffmann, c’est impossible. Je vous dis qu’avant-hier j’ai vu une salle parfumée de fleurs, resplendissante de riches costumes, ruisselante de diamans, et des hommes élégans à la place de ces harengères en casaquin et de ces goujats en carmagnole. Je vous dis que vous aviez des boucles de diamans à vos souliers, des bagues en diamans à vos doigts, une tête de mort en diamans sur votre tabatière ; je vous dis…

— Et moi, jeune homme, à mon tour, je vous dis, reprit le petit homme noir, je vous dis qu’avant-hier elle était là, je vous dis que sa présence illuminait tout, je vous dis que son souffle faisait naître les roses, faisait reluire les bijoux, faisait étinceler les diamans de votre imagination ; je vous dis que vous l’aimez, jeune homme, et que vous avez vu la salle à travers le prisme de votre amour. Arsène n’est plus là, votre cœur est mort, vos yeux sont désenchantés, et vous voyez du molleton, de l’indienne, du gros