Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/220

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qu’Hoffmann avait admirée dans la danseuse, elle se mit à marcher devant lui.

Il ne vint pas l’idée au jeune homme de lui offrir le bras ; il la suivit.

Arsène prit la rue Royale, que l’on appelait à cette époque la rue de la Révolution, tourna à droite, dans la rue Saint-Honoré, que l’on appelait rue Honoré tout court, et s’arrêtant devant la façade d’un magnifique hôtel, elle frappa.

La porte s’ouvrit aussitôt.

Le concierge regarda avec étonnement Arsène.

— Parlez, dit-elle au jeune homme, ou ils ne me laisseront pas entrer, et je serai obligée de retourner m’asseoir au pied de la guillotine.

— Mon ami, dit vivement Hoffmann en passant entre la jeune femme et le concierge, comme je traversais les Champs-Élysées, j’ai entendu crier au secours ; je suis accouru à temps pour empêcher madame d’être assassinée, mais trop tard pour l’empêcher d’être dépouillée. Donnez-moi vite votre meilleure chambre ; faites-y allumer un grand feu, servir un bon souper. Voici un louis pour vous.

Et il jeta un louis d’or sur la table où était posée la lampe, dont tous les rayons semblèrent se concentrer sur la face étincelante de Louis XV.

Un louis était une grosse somme à cette époque ; il représentait neuf cent vingt-cinq francs en assignats.

Le concierge ôta son bonnet crasseux et sonna. Un garçon accourut à cette sonnette du concierge.

— Vite ! vite ! une chambre ! la plus belle de l’hôtel, pour monsieur et Madame.