Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/219

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— Où irais-je ? Je ne veux rentrer d’où je sors que le plus tard possible ; j’ai eu trop froid.

— Alors, venez avec moi, s’écria Hoffmann.

— Avec vous ! fit Arsène.

Et il sembla au jeune homme que de cet œil morne tombait sur lui, à la lueur des étoiles, un regard dédaigneux, pareil à celui dont il avait déjà été écrasé dans le charmant boudoir de la rue de Hanovre.

— Je suis riche, j’ai de l’or, s’écria Hoffmann.

L’œil de la danseuse jeta un éclair.

— Allons, dit-elle, mais où ?

Où !

En effet, Hoffmann allait-il conduire cette femme de luxe et de sensualité qui, une fois sortie des palais magiques et des jardins enchantés de l’Opéra, était habituée à fouler les tapis de Perse et à se rouler dans les cachemires de l’Inde ?

Certes, ce n’était pas dans sa petite chambre d’étudiant qu’il pouvait la conduire ; elle eût été là aussi à l’étroit et aussi froidement que dans cette demeure inconnue dont elle parlait tout à l’heure, et où elle paraissait craindre si fort de rentrer.

— Où, en effet ? demanda Hoffmann, je ne connais point Paris.

— Je vais vous conduire, dit Arsène.

— Oh ! oui, oui, s’écria Hoffmann.

— Suivez-moi, dit la jeune femme.

Et de cette même démarche raide et automatique qui n’avait rien de commun avec cette souplesse ravissante