Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/225

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Et comme Hoffmann insistait :

— Je ne pourrais avaler, dit-elle.

— Buvons, alors.

Elle tendit son verre.

— Oui, buvons.

Hoffmann avait à la fois faim et soif ; il but et mangea.

Il but surtout ; il sentait qu’il avait besoin de hardiesse ; non pas qu’Arsène, comme chez elle, parût disposée à lui résister, soit par la force, soit par le dédain, mais parce que quelque chose de glacé émanait du corps de la belle convive.

À mesure qu’il buvait, à ses yeux du moins, Arsène s’animait ; seulement, quand, à son tour, Arsène vidait son verre, quelques gouttes rosées roulaient de la partie inférieure du collier de velours sur la poitrine de la danseuse. Hoffmann regardait sans comprendre puis, sentant quelque chose de terrible et de mystérieux là-dessous, il combattit ses frissons intérieurs en multipliant les tostes qu’il portait aux beaux yeux, à la belle bouche, aux belles mains de la danseuse.

Elle lui faisait raison, buvant autant que lui, et paraissant s’animer, non pas du vin qu’elle buvait, mais du vin que buvait Hoffmann.

Tout à coup un tison roula du feu.

Hoffmann suivit des yeux la direction du brandon de flamme, qui ne s’arrêta qu’en rencontrant le pied nu d’Arsène.

Sans doute, pour se réchauffer, Arsène avait tiré ses bas et ses souliers ; son petit pied, blanc comme le marbre,