Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parvenir ; à moi qui lui ai dit adieu au pied de la charrette ! Vous dites que cela n’est pas ! Attendez !

Alors le médecin étendit le bras, pressa le petit ressort en diamant qui servait d’agrafe au collier de velours, et tira le velours à lui.

Hoffmann poussa un cri terrible. Cessant d’être maintenue par le seul lien qui la rattachait aux épaules, la tête de la suppliciée roula du lit à terre, et ne s’arrêta qu’au soulier d’Hoffmann, comme le tison ne s’était arrêté qu’au pied d’Arsène.

Le jeune homme fit un bond en arrière, et se précipita par les escaliers en hurlant :

— Je suis fou !

L’exclamation d’Hoffmann n’avait rien d’exagéré : cette faible cloison qui, chez le poëte exerçant outre mesure ses facultés cérébrales, cette faible cloison, disons-nous, qui, séparant l’imagination de la folie, semble parfois prête à se rompre, craquait dans sa tête avec le bruit d’une muraille qui se lézarde.

Mais, à cette époque, on ne courait pas longtemps dans les rues de Paris sans dire pourquoi l’on courait ; les Parisiens étaient devenus très curieux en l’an de grâce 1793 ; et, toutes les fois qu’un homme passait en courant, on arrêtait cet homme pour savoir après qui il courait ou qui courait après lui.

On arrêta donc Hoffmann en face de l’église de l’Assomption, dont on avait fait un corps de garde, et on le conduisit devant le chef du poste.

Là, Hoffmann comprit le danger réel qu’il courait : les uns le tenaient pour un aristocrate prenant sa course afin