Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/230

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— Ah ! c’est bien à vous, jeune homme, dit-il, c’est bien à vous d’avoir racheté ce corps afin qu’il ne pourrît pas dans une fosse commune… Très bien ! jeune homme, très bien !

— Ce corps… murmura Hoffmann, racheté… la fosse commune… Que dites-vous là ? mon Dieu !

— Je dis que notre pauvre Arsène, arrêtée hier à huit heures du matin, a été jugée hier à deux heures de l’après-midi, et a été exécutée hier à quatre heures du soir.

Hoffmann crut qu’il allait devenir fou ; il saisit le docteur à la gorge.

— Exécutée hier à quatre heures ! cria-t-il en s’étranglant lui-même ; Arsène exécutée !

Et il éclata de rire, mais d’un rire si étrange, si strident, si en dehors de toutes les modulations du rire humain, que le docteur fixa sur lui des yeux presque effarés.

— En doutez-vous ? demanda-t-il.

— Comment ! s’écria Hoffmann, si j’en doute ! Je le crois bien. J’ai soupé, j’ai valsé, j’ai couché cette nuit avec elle.

— Alors, c’est un cas étrange et que je consignerai dans les annales de la médecine, dit le docteur, et vous signerez au procès-verbal, n’est-ce pas ?

— Mais je ne puis signer, puisque je vous démens, puisque je dis que cela est impossible, puisque je dis que cela n’est pas.

— Ah ! vous dites que cela n’est pas, reprit le docteur ; vous dites cela à moi, le médecin des prisons ; à moi, qui ai fait tout ce que j’ai pu pour la sauver, et qui n’ai pu y