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II

LA FAMILLE D’HOFFMANN


Au nombre de ces ravissantes cités qui s’éparpillent au bord du Rhin, comme les grains d’un chapelet dont le fleuve serait le fil, il faut compter Mannheim, la seconde capitale du grand-duché de Bade, Mannheim, la seconde résidence du grand-duc.

Aujourd’hui que les bateaux à vapeur qui montent et descendent le Rhin passent à Mannheim, aujourd’hui qu’un chemin de fer conduit à Mannheim, aujourd’hui que Mannheim, au milieu du pétillement de la fusillade, a secoué, les cheveux épars et la robe teinte de sang, l’étendard de la rébellion contre son grand-duc, je ne sais plus ce qu’est Mannheim ; mais, à l’époque où commence cette histoire, c’est-à-dire il y a bientôt cinquante-six ans, je vais vous dire ce qu’elle était.

C’était la ville allemande par excellence, calme et politique à la fois, un peu triste, ou plutôt un peu rêveuse ; c’était la ville des romans d’Auguste Lafontaine et des poëmes de Gœthe, d’Henriette Belmann et de Werther.

En effet, il ne s’agit que de jeter un coup d’œil sur Mannheim pour juger à l’instant, en voyant ses maisons honnêtement alignées, sa division en quatre quartiers, ses rues