Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/57

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instrumens de musique du dix-septième, des bahuts de tous les temps, des pots à boire de toutes les formes, des aiguières de toutes les espèces, enfin des colliers de verre, des éventails de plumes, des lézards empaillés, des fleurs sèches, tout un monde enfin ; mais tout un monde ne valant pas vingt-cinq thalers de bon argent.

Celui qui habitait cette chambre était-il un peintre, un musicien ou un poëte ? Nous l’ignorons.

Mais, à coup sûr, c’était un fumeur ; car, au milieu de toutes ces collections, la collection la plus complète, la plus en vue, la collection occupant la place d’honneur et s’épanouissant au soleil au-dessus d’un vieux canapé, à la portée de la main, était une collection de pipes.

Mais, quel qu’il fût, poëte, musicien, peintre ou fumeur, pour le moment, il ne fumait, ni ne peignait, ni ne notait, ni ne composait.

Non, il regardait.

Il regardait, immobile, debout, appuyé contre la muraille, retenant son souffle ; il regardait par sa fenêtre ouverte, après s’être fait un rempart du rideau, pour voir sans être vu ; il regardait comme on regarde quand les yeux ne sont que la lunette du cœur !

Que regardait-il ?

Un endroit parfaitement solitaire pour le moment, le portail de l’église des Jésuites.

Il est vrai que ce portail était solitaire parce que l’église était pleine.

Maintenant quel aspect avait celui qui habitait cette chambre, celui qui regardait derrière ce rideau, celui dont le cœur battait ainsi en regardant ?