Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est là que nous l’avons trouvé, attendant la sortie de celle qu’il avait vue entrer.

Il ne craignait qu’une chose : c’est que ce ne fût un ange, et qu’au lieu de sortir par la porte, elle ne s’envolât par la fenêtre pour remonter aux cieux.

C’est dans cette situation que nous l’avons pris, et que son ami Zacharias Werner vint le prendre après nous.

Le nouveau venu appuya du même coup, comme nous l’avons dit, sa main sur l’épaule et ses lèvres sur le front de son ami.

Puis il poussa un énorme soupir.

Quoique Zacharias Werner fût toujours très pâle, il était cependant encore plus pâle que d’habitude.

— Qu’as-tu donc ? lui demanda Hoffmann avec une inquiétude réelle.

— Oh ! mon ami ! s’écria Werner… Je suis un brigand ! je suis un misérable ! je mérite la mort… fends-moi la tête avec une hache… perce-moi le cœur avec une flèche. Je ne suis plus digne de voir la lumière du ciel.

— Bah ! demanda Hoffmann avec la placide distraction de l’homme heureux ; qu’est-il donc arrivé, cher ami ?

— Il est arrivé… Ce qui est arrivé, n’est-ce pas ?… tu me demandes ce qui est arrivé ?… Eh bien ! mon ami, le diable m’a tenté !

— Que veux-tu dire ?

— Que quand j’ai vu tout mon or ce matin, il y en avait tant, qu’il me semble que c’est un rêve.

— Comment ! un rêve ?

— Il y en avait une pleine table, toute couverte, continua Werner. Eh bien ! quand j’ai vu cela, une véritable