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Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/78

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besoin de calotte même. Le souvenir me ravive : ô musique de Bologne ! ô soleil de Naples ! oh !…

Et la figure du vieillard exprima un moment une béatitude suprême, et tout son corps parut frissonner d’une jouissance infinie, comme si les torrens du soleil méridional, inondant encore sa tête, ruisselaient de son front chauve sur ses épaules, et de ses épaules sur toute sa personne.

Hoffmann se garda bien de le tirer de son extase, seulement il en profita pour regarder tout autour de lui, espérant toujours voir Antonia. Mais les portes étaient fermées et l’on n’entendait aucun bruit derrière aucune de ces portes qui y décelât la présence d’un être vivant.

Il lui fallut donc revenir à maître Gottlieb, dont l’extase se calmait peu à peu, et qui finit par en sortir avec une espèce de frissonnement.

— Brrrou ! jeune homme, dit-il, et vous dites donc ?

Hoffmann tressaillit.

— Je dis, maître Gottlieb, que je viens de la part de mon ami Zacharias Werner, lequel m’a parlé de votre bonté pour les jeunes gens, et comme je suis musicien !

— Ah ! vous êtes musicien !

Et Gottlieb se redressa, releva la tête, la renversa en arrière, et, à travers ses lunettes, momentanément posées sur les derniers confins de son nez, il regarda Hoffmann.

— Oui, oui, ajouta-t-il, tête de musicien, front de musicien, œil de musicien ; et qu’êtes-vous ? compositeur ou instrumentiste ?

— L’un et l’autre, maître Gottlieb.

— L’un et l’autre ! dit maître Gottlieb, l’un et l’autre !