Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/109

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la touche, joue l’air de Réveillez-vous, belle endormie.

Le cœur bon et pur de Pravdine se serrait à cette amère analyse des passions de notre temps et des vices de notre société, auxquels le carnaval éternel de notre civilisation permet de porter le masque de la modestie.

— En effet, dit-il, avec un triste sourire, comment connaîtrais-je le monde, moi, espèce de coquillage, attaché comme une huître à la carène de mon vaisseau ? Je conçois la faiblesse dans une femme, je comprends l’entraînement de la passion ; mais, je l’avoue, l’idée d’une dépravation pareille à celle que vous venez de dépeindre ne m’était jamais passée par l’esprit. J’ai connu à Thébizonde une bayadère qui, non seulement faisait son prix avec les voyageurs, mais qui encore, de dessous son oreiller, tirait une petite balance avec laquelle elle pesait les ducats demandés par elle. Mais, à mon avis, cette femme était une vertu près de celles dont tu me parles. Oh ! le monde, le monde ! murmura Pravdine en laissant tomber sa tête dans ses deux mains.