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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/110

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la princesse flora


— Allons, bien ! voilà que tu prends la chose au tragique et tu vas exagérer les torts de ce pauvre monde. Soyons avant tout impartiaux, mon cher Pravdine. Le monde est dépravé, soit, mais tu ne trouveras même pas dans le monde une dépravation parfaite. Les Lovelace et les chevaliers de Valmont sont des héros de romans, et les auteurs de ces romans, comme le marquis de Sade et le chevalier de Laclos, sont des fanfarons de perversité. Combien de fois n’est-il pas arrivé qu’une fantaisie d’un moment, qu’un caprice qui ne devait pas laisser sa trace dans le lendemain du jour où il était né, a passé de la tête au cœur et s’est changé en une passion longue, fidèle, dévouée, prête à tous les sacrifices, victorieuse de tous les égarements ; en une passion qui pourrait faire honneur non seulement à un cavalier de nos jours, mais encore à un chevalier de la Table ronde ? Et moi-même, ajouta-t-il, moi qui ne crois ni à la vertu des hommes, ni à la fidélité des femmes, moi-même…

Un profond soupir coupa la phrase de Granitzine, qui demeura pensif et silencieux. Devant ses yeux,