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Page:Dumas - La Princesse Flora (1871).djvu/119

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la princesse flora

suffira pour que je lui dise tout ce que je pense d’elle !

Et la cause de tout cela, qu’était-ce, en somme ? Quelques mots jetés en l’air par Granitzine, sortis de sa bouche comme la mousse sort d’une bouteille de champagne dont on vient de faire sauter le bouchon, quelques gouttes de cette bile extravasée au fond de son cœur, et qu’il répandait au hasard, sans savoir lui-même quel poison corrosif elles contenaient. Comme ces conquérants antiques qui, envieux de la ville qu’ils venaient de prendre, la livraient à l’incendie, et semaient du sel dans les sillons de la charrue, lui, après avoir brûlé un cœur, après l’avoir sillonné par le sarcasme, il y semait le doute, – au lieu de sel.

Et cependant, cet homme était plus malheureux encore que ceux qu’il torturait ; leur malheur, à eux, venaient de ce qu’ils aimaient ; son malheur, à lui, venait de ce qu’il ne pouvait plus aimer.